FINCA LA FLORIDA

La région de Costa Cuca à l'ouest de Quetzaltenango est connue par les connaisseurs et les acheteurs de café pour donner certains des meilleurs cafés du monde. Cependant, elle est également connue comme une région où sévissent le chômage, l'extrême pauvreté, les luttes paysannes pour les salaires impayés et les occupations de terres. C'est ici qu'un groupe de campesinos sans terre a occupé La Florida, une ferme abandonnée, pendant 26 mois afin d'acheter la terre et d'établir une communauté coopérative fondée sur l'égalité, la justice et la durabilité écologique

Histoire :

L'histoire de La Florida a commencé 28 ans après une guerre civile brutale qui a duré 36 ans, fait plus de 200 000 morts et déplacé plus d'un million de Guatémaltèques. C'est en 1884 qu'un groupe de paysans a formé SCIDECO (Société Civile pour le Développement de Colomba), une organisation syndicale destinée à combattre la violation des droits et à améliorer la vie des campesinos.

Après plus de deux décennies d'organisation, les membres de SCIDECO ont entendu parler de La Florida, une grande propriété de plus de 20 hectares abandonnée par son propriétaire en 1994. Après plus de 2ans d'occupation la communauté l'a emporté. Le 29 avril 2004, la communauté a acheté La Florida avec un prêt gouvernemental. Grâce à leur victoire et à leur travail acharné, les membres de la communauté de La Florida aident à créer un nouveau modèle pour les communautés paysannes et un nouveau modèle pour l'avenir du Guatemala.

Le travail communautaire :

Les membres travaillent à la fois pour la communauté et chaque famille dispose d'un demi-hectare pour cultiver ses propres cultures. L'agriculture à Finca La Florida est basée sur des principes collectifs et la durabilité environnementale. L'accent est mis sur la production de café biologique, pour laquelle la communauté a reçu le certificat de commerce équitable. Les autres produits cultivés comprennent la banane, le miel et la macadamia. Une partie de la finca est réservée au reboisement. Les membres travaillent sur les terres communales le matin, laissant l'après-midi pour leur demi-hectare privé, où ils cultivent le maïs, les haricots et par exemple le soja. En tant que volontaire j'ai pu participer à de nombreuses activités : ramassage du bois, récolte de macadamia, irrigation, entretien des plants de café, greffage des semis de café...

La Florida constitue un exemple remarquable pour d'autres groupes de paysans notamment sur le sujet de l'écologie mais aussi des droits de l'homme et la place très importante de la femme dans la société.

La vie à la Finca :

Les volontaires dorment dans l'ancienne maison abandonnée dans des dortoirs. Les lits en bois avec sommier en planches et matelas en écorce d'haricots sont pour le moins inconfortables. On me superpose 4 matelas tandis que maman à la chance d'avoir un lit récent avec un matelas. L'eau arrive de la source dans les lavoirs. L'électricité quant à elle existe depuis 1 an grâce à l'association Pérégrinaction qui a fourni des panneaux solaires à chaque famille. A la casa grande pas de prise électrique en revanche, et pas d'eau chaude. Douche précaire à la bassine mais on s'y fait vite. Avec la poussière causée par le sable volcanique et les fumées, nous faisons des lessives au lavoir presque tous les jours. Les maisons sont faites de bois, de bamboo et de taule. Quatres murs avec des trous en guise de porte. Un lavoir extérieur, et dans une pièce des lits, dans l'autre ce qui sert de cuisinière et une table. La cuisine est faite au feu de bois, ramassé et séché dans la forêt. Certaines familles s'éclairent encore à la bougie. Nous nous levons avec le soleil vers 6h. A 7h nous allons prendre le petit déjeuné dans une famille, différente tous les jours, de même pour les repas du midi et du soir. Les repas sont composés de riz, de friroles (haricot rouge), poulet rarement, parfois légumes de la plantation (chaillote, malanga) et surtout des tortillas, des galettes de farine de maïs. Tous les matins les femmes ou les enfants vont au moulin moudre leur mais pour la journée. Les repas sont peu variés car les produits disponibles sur la plantation très limités. Après le petit déj je pars dans la plantation pour les travaux communautaires ou à l'école pour aider le professeur à apprendre à lire aux plus jeunes. Dans la classe une 30 aines d'élèves d'âge et de niveaux différents se côtoient. L'école de la Florida va jusqu'au primaire. Ceux qui vont au collège doivent marcher une heure pour y aller, dans une autre plantation. Après le repas du midi nous organisons différentes activités : Atelier cuisine avec les femmes, séance de sensibilisation au sucre et à la nutrition (problème de diabète précoce et de caries), visite médicale, éducation sexuelle pour les ados. Ici les familles sont très pauvres mais très nombreuses, jusqu'à 15 enfants et 3 à 4 générations sous le même toit. Enfin, concernant la santé, une responsable désignée s'occupe comme elle peut des petits bobos grâce au matériel que l'association fournie. Ici on pratique surtout la médecine naturelle par les plantes. Parmi les remèdes on trouve : le lait de banane pour cicatriser les plaies, le thé de mangue pour les entorses, et même les cataplasmes et cure d'urine pour les rages de dents, infections ou problèmes gynécologiques. Cela n'exclut pas aussi quelques incantations issues de la traditions maya.

Les femmes :

À La Florida, les hommes et les femmes travaillent ensemble et l'accent est mis sur l'égalité des sexes. Le Comité des femmes existe pour faire entendre la voix des femmes dans la communauté. Il donne également aux femmes un appuis pour le développement personnel, en partageant leurs expériences et en se formant sur différents thèmes tels que l'égalité des sexes et la violence domestique. Les femmes cherchent également des moyens de gagner leurs propres revenus. Certaines femmes ont reçu une formation en écotourisme et sont responsables de visites guidées. Les enfants sont sensibilisés très tôt à la place de la femme dans la société et à son respect. Quand nous sommes arrivée c' était la journée de la femme. Toutes les femmes de la plantation sont descendues à la ville pour former un cortège avec le slogan suivant : "Pour moi, pour nous et pour les autres. Nous ne sommes pas une, nous ne sommes pas cent, vous les machos comptez nous bien. Attention, attention, ici marche la lutte pour la vie en Amérique Latine."

© 2016 Lucie Gds. Tous droits réservés.
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